Juin 13

Arequipa

par dans Pérou

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Nous faisons le trajet Cusco-Arequipa dans un bus local de jour. Si nous sommes contents d’être en bus local, nous déplorons cependant l’arnaque de l’agence qui nous a vendu le billet plus de trois fois son prix !

C’est un peu de notre faute. En arrivant à Cusco, nous étions patraques à cause du mal des montagnes et nous avons fait l’erreur de faire confiance au petit gars à qui nous avions acheté les deux tours pour la Vallée de l’Inca. Tout ça pour nous éviter la corvée de l’aller-retour au terminal de bus pour acheter nous-mêmes nos tickets à notre retour du Machu Picchu, les billets de bus n’étant émis, nous avait-on dit, que 48 heures avant le départ.

Le chauffeur a qui je raconte l’arnaque de l’agence est désolé pour nous et semble très concerné. On s’en fiche un peu à vrai dire, ce ne sont que des sous et ça ne nous étonne pas tant que ça, mais ça nous fait plaisir de voir qu’au moins quelqu’un ne trouve pas ça normal. Dans le bus qui s’arrête souvent, des dames montent à bord pour vendre des empanadas, des fromages… Plus tard c’est un prédicateur à la tchatche exceptionnelle qui fait la morale à l’assemblée pendant près d’une heure ! Tout ça occupe notre long voyage de 10 heures dans l’Altiplano. Les paysages sont magnifiques, surtout lorsqu’on traverse une réserve protégée à plus de 4 500 mètres d’altitude. Les sommets enneigés se succèdent et les immenses troupeaux de lamas, d’alpagas et de vigognes sont de plus en plus fréquents. On voudrait pouvoir s’arrêter tout le temps. Descendre du bus et dormir là si c’était possible.

Arrivés à Arequipa, nous découvrons que la deuxième ville du pays est grande mais très agréable. C’est une belle cité coloniale blanche. Taillés dans du tuf volcanique tendre, les frontons des bâtiments du centre historique sont de véritables dentelles sculptées. Nous tombons tout de suite sous le charme.

Nous logeons dans la rue du must see de la ville : le Monastère Citadelle de Santa Catalina. Il a été fondé en 1540, seulement 40 ans après l’arrivée des espagnols à Arequipa. Nous admirons son mur d’enceinte à chaque fois que nous passons à côté. Il est colossal, impressionnant , magnifique.

A l’intérieur, c’est tout aussi immense. Il y règne une atmosphère très particulière, lumineuse, colorée, joyeuse. Le monastère occupe tout un pâté de maison, c’est un véritable labyrinthe. On peut se faufiler partout, il n’y a personne.

Les cellules des sœurs sont en l’état. Tout est en place, meubles, objets de la vie quotidienne, tissus, décoration, cuisine et ustensiles. L’état de conservation est stupéfiant.

Dans notre hostel aussi, il règne une atmosphère très sereine. Le monsieur qui la tient est gentil comme tout. Notre chambre est grande et agréable. Il y a même une terrasse sur le toit d’où l’on touche du doigt les trois volcans qui entourent Arequipa. On y voit aussi d’énormes buses, que l’on prend au début pour des condors, survoler la ville.

Le Misti est majestueux avec sa forme conique et son sommet enneigé. Depuis la Plaza de Armas, le volcan se découpe en toile de fond de la Cathédrale. D’un point de vue urbanistique, c’est une grande réussite. La scénographie est parfaite ! Les volcans sont très nombreux et actifs dans la région. L’un deux est célèbre car un archéologue y a trouvé une petite princesse inca sacrifiée de 12 ans, Juanita. La momie, naturellement conservée pendant 500 ans par les glaces, est exposée dans un musée d’Arequipa. A la différence des Aztèques qui sacrifiaient en masse leurs prisonniers de guerre, les sacrifices humains étaient rares chez les Incas. Il s’agissait souvent de jeunes femmes choisies parmi l’élite offertes en offrande pour rétablir l’ordre naturel des choses en cas de grands bouleversements.

A Arequipa, nos papilles sont en fête. Les stands alimentaires de rue (brochettes, etc…) sont de retours. Les empenadas sont délicieuses et nous goûtons même à la haute gastronomie locale. La ville est pleine d’effervescence, loin de l’ambiance aseptisée de Cusco. Ici, il y a tous les jours des manifestations : setting d’étudiants en grève de la faim devant leur université, paysans indiens qui protestent contre la corruption liée à l’exploitation minière d’or, d’argent et de cuivre aux mains de capitaux étrangers. Leurs drapeaux arc-en-ciel, symbolisant les communautés issues de l’empire inca, flottent sur la Plaza de Armas, aux côté de ceux du Che.

Nous l’apprendrons plus tard, l’ancien train qui reliait Arequipa à Puno a été privatisé pour le transport exclusif des minerais. Il ne fonctionne plus pour les locaux, ce qui complique leurs déplacements dans l’Altiplano. L’image d’Épinal d’un Pérou parcouru de petits trains typiques est décidément complètement révolue.

Lorsque nous nous penchons sur l’organisation de notre excursion au Canyon del Colca, un profond canyon à 6 heures de route où l’on peut randonner et observer des condors, nous retrouvons le Pérou des tours avec lequel nous avons tant de mal. Nous faisons le tour des agences mais toutes proposent des packages identiques avec des départs nocturnes pour faire gagner un maximum de temps aux touristes. Quand on connaît la beauté de la route, on trouve ça vraiment dommage. On se rend compte que le site d’observation des condors est inondé de centaines de touristes qui débarquent tous à la même heure et que rien n’est fait pour échelonner l’affluence. Lorsque nous identifions une agence qui a l’intelligence de proposer un tour qui part de jour et s’arrête pour voir les nombreux points d’intérêts le long de la très jolie route (faune, flore, formations géologiques, vue sur les volcans)… ils nous annoncent un coût par personne de 260 dollars pour 3 jours 2 nuits, dont une en camping ! Bref, après avoir retourné la question dans tous les sens pour faire l’excursion par nous-mêmes, nous abandonnons, découragés à l’idée de mettre beaucoup d’énergie dans une escapade qui risque d’être fort décevante en raison de la sur-fréquentation des lieux. Renseignements pris, il est aussi possible de voir des condors en Bolivie et c’est ce qui nous décide à renoncer.

Après avoir bien profité d’Arequipa, nous partons donc pour Puno, une ville sur le Lac Titicaca, près de la frontière bolivienne. C’est à 7 heures de route. Nous décidons de faire le trajet en bus touristique pour bénéficier cette fois-ci d’arrêts d’observation en chemin. Encore une fois, c’est à moitié l’arnaque, les arrêts durent 5 minutes et je dois insister auprès de la pseudo guide pour obtenir que le bus stoppe bien à tous les endroits prévus ! C’est fatiguant à la longue cet état d’esprit dans le pays.

On est content de pouvoir observer à nouveau les paysages magnifiques de l’Altiplano, les lacs, les formations rocheuses, les flamands roses, les vigognes, de découvrir la montagne d’où jaillit la source de l’Amazone et les marchés traditionnels inter-communautaires basés sur le troc mais on a vraiment hâte de quitter le Pérou.

A Puno, nous nous limitons à un arrêt technique d’une courte nuit. La ville est grande, moche et polluée. C’est d’ici que partent les bateaux vers les îles du Lac Titicaca mais tous les avis convergent pour dire que les tours proposant la visite des communautés sont de vrais attrapes touristes. Même le Lonely, pourtant peu enclin à la critique en général les déconseillent car les agences exploiteraient honteusement les familles accueillantes. Cette fois-ci, nous n’hésitons pas une seconde, nous découvrirons le lac côté Bolivie.

Pour notre dernière nuit au Pérou, nous avons choisi un hostel qui surplombe le lac. La vue au réveil est jolie mais la nuit est courte à 3 900 mètres ! Nous n’avons plus le mal des montagnes mais beaucoup de mal à dormir, l’air raréfié est très sec et notre respiration s’en ressent.

Au final, sur les 25 jours initialement prévus au Pérou, nous aurons réduit à 18 en prenant tout notre temps sur chacune des étapes.

Les photos sont ici !

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4 Commentaires sur “Arequipa”

  1. De :

    Ah, soulagée de savoir qu’Arequipa n’a -presque- pas changé depuis notre passage ! j’avais vraiment apprécié cette escale, le monastère, les ruelles et les gâteaux à la crème ! Eh mademoiselle G., vous ne faites pas mention d’une quelconque ascension du Misti ?? en même temps, le sommet est à 5000m donc faut pas avoir le mal des montagnes, Cham l’avait fait avec un savoyard, avait dormi au sommet, c’était magique à voir les photos. On avait également fait une rando de plusieurs jours avec ce jeune homme et sa copine dans les environs d’Arequipa, des paysages époustouflants comme toujours…
    Concernant le Canyon, nous y étions allés mais outre le fait que c’est vertigineux, je n’en garde pas un souvenir ému. En effet, à moins d’y rester plusieurs jours pour faire la descente…
    Je revis à travers vous mon périple en Amérique latine, c’est trop cool :-)
    Je vous embrasse bien fort.

    Posté le 13 juin 2012 à 10:46 #
    • De :

      Pas d’ascension du Misti même si ca tentait bien Benjamin… nous nous sommes rattrapés avec la montagne de Chacaltaya près de la Paz… 5 395 mètres !

      Posté le 13 juin 2012 à 15:10 #
  2. De :

    Vraiment magnifiques toutes ces photos !!! Je me régale (sans lever mon c__ de mon bureau ;-)).

    Posté le 25 juin 2012 à 14:58 #
    • De :

      Merci Seb, ça fait plaisir de savoir que tu nous lis !

      Posté le 27 juin 2012 à 17:31 #

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