De Tuléar, nous commençons à remonter la nationale 7, la seule route bitumée de l’île. Elle relie Tana, la capitale, à l’extrême sud du pays.
erratum : la RN7 n’est pas la seule route goudronnée du pays, on en a vu au moins une autre depuis.
Le trajet en taxi-brousse se passe très bien. Nous sommes surpris de nous retrouver dans un minibus très confortable par rapport aux pick-up dont nous avions l’habitude. Benjamin apprécierait presque ;-)
Sur un peu plus de 200 km, les paysages changent subtilement. La brousse et les baobabs disparaissent peu à peu au profit de collines puis de montagnes. L’arrivée sur la région du Parc National de l’Isalo est spectaculaire, on se croirait dans le far west américain ! Il est d’ailleurs couramment appelé « le Colorado malgache » !
A notre arrivée à Rahonira, le petit village d’accès au Parc, nous rencontrons (à la faveur d’une déconvenue qui fera l’objet d’un billet dans « la Loose 3 »), Lydia & Bernard, un couple de Mayotte très « post 68 spirit ». Nous sympathisons tout de suite. Ils sont à Mada pour la quatrième fois et nous donnent plein de conseils très judicieux pour la suite de nos aventures. A commencer par le contact de leur guide pour le Parc, Jean-Freddy, avec lequel ils ont fait la veille une rando enchanteresque.
Jean-Freddy est adorable et très bon guide. On part avec lui pour notre première rando : le canyon des Makis et le canyon des Rats. Après 17 km de piste dans une vieille 309, nous atteignons le pied des falaises. Nous commençons alors à traverser une petite forêt, avant de déboucher sur une rizière qu’un troupeau de zébus est en train de labourer sous la houlette de jeunes bergers. On croise des femmes vêtues de tissus très colorés, qui marchent en portant de lourds fardeaux sur leurs têtes, puis des villageois de l’ethnie des Bara, éleveurs de zébus polygames aux rites funéraires surprenants. Les corps des défunts sont déposés dans de petits cercueils de bois dans des grottes du massif de l’Isalo. Quelques années plus tard, les corps sont retournés et ramenés au village pour une fête de plusieurs jours, à laquelle tout le village est convié. Fête très coûteuse car on y tue un zébu par jour, puis les os sont rassemblés en un petit « faggot » qu’un jeune homme de la famille s’accroche sur le dos pour le déposer dans la tombe définitive du défunt, à savoir une cavité dans la partie haute et abrupte de la falaise.
En rentrant de notre rando, Benjamin fait la connaissance de deux français, Jean-Baptiste & Benjamin, toubib et véto de Bordeaux, qui lui offrent un coup pour fêter la qualification de la France en finale du mondial de rugby. On dîne avec eux et, le lendemain, on part tous les quatre avec Jean-Freddy pour une nouvelle rando : route des crêtes, piscine naturelle, cascade des Nymphes, piscine noire et piscine bleue. Les paysages sont sublimes et nous avons la chance de croiser trois espèces de lémuriens (les marrons, les noirs et blancs et les beaucoup plus rares tout blancs) mais aussi un scorpion, un serpent, un caméléon, un énorme criquet, des faucons chassant des corbeaux et toutes sortes de plantes dont les plantes sensitives et de mini baobabs en fleurs.
Le lendemain, nous prenons la route pour Ambalavao. Les 5 heures de taxi-brousse passent vite car nous rencontrons Elisabeth & Jean-Claude, un couple de militants faisant un tour des associations locales. Jean-Claude est d’origine malgache, universitaire à Nanterre, et échanger avec lui sur Madagascar est des plus enrichissant.
Nous entrons en territoire Betsileo. Les paysages se font de plus en plus montagneux, c’est le début des hauts plateaux. C’est spectaculaire ! Les villages que nous traversons sont moins pauvres que ceux du sud. Ici, il y a plus d’eau, la campagne est plus verte, il y a plus de cultures. Les maisons « en dur » sont beaucoup plus nombreuses que celles en torchis.
Lorsque nous arrivons à Ambalavao, célèbre pour son grand marché hebdomadaire aux zébus (bêtes de somme et viande la plus couramment consommée dans le pays), nous avons l’impression d’avoir changé de continent. Tous les repères du sud ont disparu. C’est une petite ville étonnante aux jolies bâtisses ornementées de boiseries, de balcons, de toits pentus en tuiles. Nous nous y baladons avec plaisir au milieu des nombreux « Bonjour vaza* ! » d’enfants. Il faut dire qu’ici, les rares vaza valises qui passent ne s’arrêtent guère. D’ailleurs, petite aparté, avec Benji, on est très surpris de voir que presque tous les touristes se déplacent ici soit en groupe genre tour opérateur, soit avec chauffeur. Pour les personnes âgées (de loin le tourisme dominant), on peut comprendre mais plein de jeunes couples qui pourraient facilement voyager en taxi-brousse choisissent l’option tout confort de la voiture particulière.
Le lendemain, forts de nos récentes journées de marche, nous partons découvrir la réserve de l’Anja. Deux petites heures de rando durant lesquelles nous croisons des quantités de lémuriens et même deux caméléons ! Le paysage est tellement beau que nous décidons de rentrer à pied à Ambalavao qui se trouve à 12 km.
Prochaine étape : Fianarantsoa, la deuxième plus grande ville du pays, à moins de 70 km au nord d’Ambalavao. De là, nous prendrons l’unique train de passagers en activité à Madagascar. Un trajet de 7 heures vers la côte est (et pluvieuse) du pays.
* vasa = étranger blanc.
Nota Bene : le Parc National de l’Isalo s’étend sur une superfie de 82 000 km2 et son point culminant se situe à 1 300 mètres. La réserve de l’Anja est quand à elle vraiment toute petite.
[itineraire_plot_stw zoom=7 center= Ranohira]Ranohira;Parc national de l’Isalo;Ambalavao[/itineraire_plot_stw]
De :
C’est mignon tous ces lémuriens :)
Comment ils se comportent avec les « visiteurs »?
De :
Ils sont vraiment pas farouches, on sent vraiment qu’ils ont l’habitude de voir des vazas ;)
Certains, les marrons, sont très voleurs et n’hésitent pas à te voler ton repas si tu es distrait, les autres sont plus craintifs.
De :
Bonjour les globes trotters !
Magnifique ces photos du Parc de l’Isalo. Ces paysages grandioses, ces animaux attachants, ces couchers de soleil sur cette terre rouge ocre flamboyants. « Que la montagne est belle » (dirait J. Ferrat).
Et puis, les cultures du monde se font plus présentes, avec vos nombreux portraits des Autres, nos voisins du Sud, nos frères insulaires, notre famille d’humains. Nous venons de franchir la barre des 7 milliards d’individus sur notre petite planète, les thèses de Malthus sont on ne plus plus durables. Ces visages, ces couleurs, ces êtres nous ravissent.
Sachez que si nous ne communiquons pas souvent (c’est un euphémisme) nos impressions, nous suivons régulièrement votre circum périple autour du monde et sommes addict de votre site que nous faisons connaitre à nos amis. Ils le trouvent super professionnel (et pour cause…). Le cercle des voyageurs par procuration s’élargit donc.
On vous aime, @+.
NB. Nous rentrons tout juste de Haute Egypte (pour les temples pharaoniques et promotéins) et de mer Rouge (pour les poissons et pas seulement rouges). On vous racontera… les perroquets, les sycomores, les cataractes, les fellahs et l’Egypte éternelle (si on a le temps, car c’est assez long l’éternel).
De :
Merci pour ce très beau message qui nous touche beaucoup.
On vous embrasse très fort et on espère découvrir vos impressions de voyage en Egypte bientôt.