Les capitales latino-américaines sont rarement très avenantes, si on y ajoute une arrivée nocturne on frôle carrément le rejet.
Il n’est pas loin de minuit quand notre taxi traverse la ville en direction du centre de Lima. Les quartiers se succèdent, tous plus glauques les uns que les autres. Des gars errent dans les rues, des prostituées racolent un peu partout. Et pour clore le tout, notre hostel n’est pas aussi charmant que les photos flatteuses de son site web le laissait penser.
La chambre n’est pas mal avec son plafond démesurément haut, typique des vieilles battisses, mais il y a un bruit non identifié de ventilation quasi permanent qui nous oblige à dormir avec des boules quies.
Après le calme et la sérénité de l’Ile de Pâques, c’est dur. Frappés d’une légère insomnie, on termine la saison 2 de notre série The Walking Dead et on se couche au milieu de la nuit avec une envie folle de savoir la suite… mais la saison suivante n’est même pas encore tournée… horrible suspens !!!
Le lendemain, on traîne un peu avant d’aller découvrir le centre historique. Il paraît qu’il fait beau au dessus du nuage de pollution mêlé de brume mais nous ne voyons que du gris. Une constante à Lima paraît-il, divers auteurs littéraires ont écrit sur le spleen qui se dégage de la ville.
Et le spleen, c’est exactement le sentiment qui commence à nous gagner. On aime pas du tout la ville. Les gens ne sont pas antipathiques mais la ville est très bruyante, très polluée et pas spécialement jolie. Elle a du potentiel mais l’ensemble ne prend pas.
Et puis, on se rend compte que l’orientation touristique qu’a pris le pays s’apparente à un véritable racket. Le gap entre le cout de la vie pour les locaux et les prix pratiqués pour les touristes est énorme. Les églises sont payantes par exemple. Et pas une somme symbolique, non non, un prix prohibitif avoisinant les 10 euros ! Même le marché central est devenu une attraction pour gringos et n’a plus rien d’authentique. A ce tarif là, on a envie de rien voir, on est en mode rejet de la ville.
Au moins, côté culinaire, ça va. On déjeune dans une cantine de journalistes très bonne où l’on goute au aji de gallina, du poulet émincé dans une sauce aux noix. La cuisine péruvienne a bonne réputation et il vrai que même dans les petites cantines, on mange plutôt bien. Ça console un peu.
Puis vient l’heure d’organiser notre sortie de la ville vers la côté sud. Et là, moi qui passe mon temps à dire qu’en Amérique latine les déplacements sont super faciles, je déchante vite. Déjà pour commencer, il n’y a pas de terminal central de bus à Lima. Les nombreuses compagnies de bus sont dispersées dans des quartiers pas du tout avenants, donc quand il s’agit de passer une après-midi à en faire le tour pour engranger les informations, c’est loin d’être une partie de plaisir. A cela s’ajoute la très problématique question du vol. Aussi loin que je m’en souvienne, au cours de mes voyages latinos, j’ai toujours rencontré des voyageurs qui s’étaient fait détrousser au Pérou, y compris des amis qui ne ressemblent en rien à des gringos et qui sont loin d’être des voyageurs naïfs. Forcément, cela crée un petit conditionnement négatif peu rassurant qui nous pousse, comme les autres touristes, à chercher à voyager avec les compagnies les plus sûres. Et pour l’heure, ce n’est pas bien compliqué, il n’y en a qu’une : Cruz del Sur. Service Top end et prix en conséquence. Si ce n’était que ça encore… là où ça se corse c’est que, le pays est certes très grand mais surtout la demande devant aller dans ce sens, pour voyager avec eux, il faut accepter de voyager de nuit… et ça, vraiment, moi je ne peux pas ! Au delà du fait que c’est un BA-BA de ne pas voyager de nuit en Amérique latine, je suis incapable de fermer un œil dans un bus et surtout, surtout, je veux voir les paysages !!!
Nous nous résignons à redécouper notre itinéraire péruvien en quelques étapes pas du tout originales, de l’autoroute touristique pur. Et pourtant, dès la première destination, Paracas, une réserve ornithologique sur la côte désertique du Pacifique, c’est compliqué.
On apprend que les bus n’y vont plus mais qu’ils te laissent le long de la Panaméricaine, à 10 km de là et qu’en sortir risque d’être problématique puisque personne n’y passe… sauf les tours ! A cela s’ajoute les propos alarmistes du Lonely qui parle de Pisco, la ville voisine d’où partent ces tours, comme d’une ville unsafe où il y a même des vols avec violences physiques de jour. Détruite à 80 % par un tremblement de terre en 2007, ceci explique cela. On déchante petit à petit. Couplé à ce qu’on lit sur le Machu Picchu (coût exorbitant de l’ordre de 200 euros et conditions de visite éprouvantes où l’ascension-course-compétition se fait de nuit pour arriver dans les 400 premiers, sinon pas de Huayna Picchu), on a presque envie de prendre un billet d’avion pour partir vers un autre pays.
Au final, nous renonçons à quitter Lima en bus et optons pour un avion vers Cusco. Arrivés à Cusco, on comprend que le pays s’est complétement transformé en quelques années et continue de changer très vite… la dernière édition du Lonely annonce des tarifs qui doivent maintenant être multiplié par deux ! Le tourisme a pris une orientation tours organisés… qui en fait peut-être un paradis easy travelling pour certains mais qui ne nous convient pas du tout. Même la cordillère blanche, une chaîne de montagnes enneigées dont nous avait parlé Florence, une amie qui y avait trekké il y a une dizaine d’années, et bien maintenant c’est un must see. Toutes les agences le proposent et les agences… il y en a partout. Les lignes ferroviaires du pays sont maintenant privatisées et exclusivement touristiques (un Orient Express mène au Machu Picchu). Bref, on ressent ici la même déception que nous avions éprouvée en Thaïlande.
C’est pour moi une Amérique latine totalement inconnue qui ne ressemble en rien à l’Amérique latine que j’ai connue et que j’aimais tant.
Sources photos Lima :
http://www.1900hostel.com
http://www.perou-online.com
Source photos Paracas :
http://flickrhivemind.net/Tags/ica,paracas/Interesting
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Tu as oublié de parler des taxis blindés avec grillage aux fenêtres qui m’ont choquée quand je suis arrivée à Lima … Courage ! dans les hauts plateaux les gens sont vraiment adorables et accueillants ! Nous avions dormi chez l’habitant au bord du lac Titicaca … A éviter Aguas Calientes et l’express du Machu Picchu … il vaut mieux arriver par la porte du soleil mais préparez vous à être submergé de touristes … Bon Pérou !!
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Hola Jeanne,
Nous n’avons pas eu le plaisir de voir les taxis blindés, le notre roulait toutes fenêtres ouvertes ;-)
Depuis que nous avons quitté Lima ça va beaucoup mieux.
Il est vrai que le Pérou est submergé de touristes… maintenant il faut réserver 6 mois à l’avance pour l’Inka trail (et débourser 500 dollars) !
Malgré tout, je commence à retrouver quelques repères latino dont la gentillesse des indiens de l’Altiplano.
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Bordel, c’est encore plus le bordel qu’en Égypte les bus, je pensais pas ça possible. Et sinon, je te retrouve bien, toi et tes angliscismes toutes les deux lignes. :P L’occasion de se cultiver : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglicisme !
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Les angliscismes c’est mon inavouable côté Jean-Claude ;-)
Et ça ne s’arrange pas avec le tour du monde !
De :
Hola les amoureux voyageurs !
Je suis toujours à l’affût de vos nouvelles et de vos destination, même si comme pour Lima ville que l’on dit dangereuse, brulante, peu accueillante, ne me tentais pas… j’apprécie tjrs autant d’avoir vos ressentit. De gros bisous
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Hola, ouah, je suis étonnée de te lire et un peu déçue : je garde un tel souvenir du Pérou ! cela dit, pas de Lima puisque c’est dans cette ville que nous avions été agressés. mais c’était il y a 10 ans déjà… avez-vous prévu de vous arrêter à Arequipa ? à l’époque, c’était une ville très sympa, à partir de laquelle tu pouvais faire de chouettes randos. et je doute -?- que dans les cordilières, il y ait beaucoup de monde, on n’avait rencontré personne hormis les locaux ! dans de telles conditions, j’éviterais si j’étais vous le macchu picchu…
nous nous faisions la réflexion, cécile, tout change, le tourisme se démocratise avec ce qui va avec :-( nos images d’épinal s’effritent ! allez, le pérou est vaste, trouvez-vous un endroit perdu dans une vallée, prenez une tente, des bâtons de marche et isolez-vous pendant une semaine ! je vous embrasse.
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Malheureusement, le Pérou a beaucoup changé en 10 ans.
Nous avons bien essayé de construire notre voyage autours d’itinéraires alternatifs au début mais j’ai déclaré forfait face aux bus de nuit.
Le Machu Picchu, nous y sommes allés, c’est certes très beau mais le prix à payer est lourd (au sens propre comme au sens figuré). Nous en parlerons bientôt.
Par contre, nous avons beaucoup aimé Arequipa. C’est une grande ville et pourtant j’y ai retrouvé l’Amérique latine que j’aime : des gens charmants, des stands alimentaires de rues (loin du côté aseptisé de Cusco), plein de manifs « El Pueblo unido jamas sera vencido ! »…
Côté randos dans les environs, nous avons renoncé. Le Canon del Colca est devenu une étape touristique obligatoire aussi prisée que le Machu Picchu. Les touristes s’entassent tous les matins par centaines au Cruz del Condor pour shooter les volatiles…
Du coup, nous avons filé illico pour la Bolivie et nous sommes beaucoup plus heureux de découvrir le Lac Titicaca de ce côté-ci de la frontière (côté Puno, ça avait vraiment l’air affreux ; d’après les feed-back que l’on en a, les tours one day sont des attrapes-touristes sans nom et, même lorsque l’on choisi de dormir sur une île, les agences semblent exploiter honteusement les familles accueillantes).
Non vraiment, on a eu du mal avec le Pérou même si le pays est magnifique.
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Ah bien, j’étais passée au travers de cet article sur le Pérou…! Vous avez décrit avec les mots justes le même embarras qu’on a ressenti quand nous avons préparé notre itinéraire dans ce pays. Et nous avions la pluie en plus!
Bref, un flop ! Très contrastant avec l’idée que l’on se fait du pays depuis notre France!
Enfin, maintenant on se régale aux US et c’est bien plus apaisant…
À bientôt,
Lydia, Nowmadz
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On croise les doigts pour retourner bientôt en road trip aux USA tellement on a aimé notre virée dans l’Ouest l’an passé.
Profitez-en bien !