La plongée vers les grandes plaines tropicales de l’Est nous donne l’impression de laisser dernière nous la Bolivie et d’entrer plus tôt que prévu au Brésil.
Dix heures de bus séparent Cochabamba de Santa Cruz. Le hasard veut que nous les fassions en bus cama, les bus-lits habituellement utilisés pour les trajets de nuit. C’est diablement confortable, d’autant plus que nous avons la veine d’avoir à nouveau les places tout à l’avant avec vue panoramique !
C’est une chance car la descente vers le bassin amazonien est spectaculaire. Dès les hauteurs de Cochabamba passées, le changement de paysage est radical. Les montagnes se couvrent d’une végétation dense et humide, le ciel se tapisse de nuages, les fleuves se font de plus en plus larges et la chaleur devient moite.
Une fois la montagne descendue, les paysages perdent cependant de leur intérêt. Ce ne sont plus que de vastes plaines tropicales. C’est plat, très plat. Alors on observe avec encore plus d’attention ce qui se passe sur le bord de la route : les cultures de coca (il paraît que la Bolivie est à présent le premier producteur mondial, devant la Colombie) ; les barrages militaires contrôlant le narcotrafic tous les 10 km ; les camions au siège passager recouvert d’une housse « impression femme à poil » ; le slogan d’une caserne « Ici, nous nous préparons à reconquérir le littoral »… ça promet une jolie guerre avec le Chili dans les années à venir !
En se penchant sur une carte de la Bolivie, le bassin amazonien et les plaines du Sud représentent la majorité du territoire vis-à-vis des cordillères de l’Ouest, et pourtant c’est bien plus à l’Altiplano que l’on associe le pays. A Santa Cruz, la plus grande ville du pays, tous les repères sautent. On est bien loin du folklore andin. Les indiens disparaissent au profit des métis, les filles dévoilent gambettes et décolletés perchées sur de hauts talons, on entend parler brésilien partout… C’est un tout autre visage de la Bolivie, un autre esprit. Très différent, trop différent pour nous, on aime pas du tout. Les hôtels sont moches et chers en plus. On est tristes d’avoir quitté les montagnes.
A cela s’ajoutent les manifestations pour l’autonomie de la Région et les slogans indépendantistes qui couvrent les murs de la ville. L’ambiance séparatiste nous gagne… on partirait bien plus tôt mais mon appareil est toujours en garde… Après une dernière tentative de réanimation, cette fois-ci avec supposées pièces de rechange, le précieux rend définitivement l’âme. Comme si je n’étais pas suffisamment déprimée comme ça, le coup de grâce tombe lorsqu’on découvre que Fujifilm est très présent au Brésil mais que les droits de douanes sont tels que les appareils photos y coûtent deux à trois fois leurs prix ! Pas de photos pour moi à Brasilia et à Rio ! Pas de photos du tout d’ici San Francisco en fait ;-(
En plein marasme, on part fêter nos deux ans à la pizza et au vin rouge. Notre ami le pinard nous redonne le sourire l’espace d’une soirée mais le lendemain, rebelote, le zoo, dont on nous avait pourtant dit le plus grand bien, nous remet une claque au moral. C’est une prison coincée entre deux voies rapides. Les toucans et les perroquets des grandes volières semblent à peu près à leur aise mais les condors et les fauves (pumas, jaguars) paraissent y attendre la mort. Ils sont tous comateux, les visiteurs leur donnent à manger n’importe quoi et crient pour les faire bouger.
La seule chose qui trouve grâce à nos yeux dans cette ville, c’est le vent très fort qui compose dans le ciel nuageux de beaux tableaux changeants. Après avoir acheté nos billets pour le train qui nous mènera au Brésil en fin de semaine, nous quittons Santa Cruz pour Samaipata, notre dernière étape en Bolivie, soulagés de retourner dans un village de montagne… et pourtant, une sacrée loose nous y attend !!!
[itineraire_plot_stw zoom=6 center=Santa]Santa Cruz[/itineraire_plot_stw]
De :
Oh pas cool pour ton appareil ma chère Cécile ! Cela va nous priver aussi… bel et heureux anniv ! 2 ans déjà ! Je vous kiss fort !