Juil 07

Cochabamba

par dans Bolivie

Tags: , , , , , , , , ,

La troisième ville du pays ne devait être qu’une brève étape technique sur la route de l’Oriente, mais la Bolivie nous réserve ici aussi une bonne surprise et nous y restons au final quatre jours !

D’Uyuni, en l’absence de transports diurnes, nous prenons un train de nuit qui s’avère très confortable… il est chauffé et le petit déjeuner est servi dans de la porcelaine ! Dans la lumière du petit matin, l’arrivée sur Oruro est magique. Les rails traversent un immense lac brumeux rempli de milliers de flamants roses qui s’envolent au passage du train, à quelques mètres de nous !

Après un nouveau trajet de bus dans les montagnes, nous arrivons à Cochabamba, connue pour son Christ en majesté qui domine la ville. Bien qu’il ne soit pas très impressionnant, le Lonely nous dit qu’il est plus grand que celui de Rio.

La très bonne surprise à Cochabamba… c’est le climat ! Il y règne une température plus qu’agréable, de jour mais surtout de nuit. Nous n’avons plus froid sous la couette, une grande première ! On a presque trop chaud dans notre chambre exposée plein nord… oui, oui, un plein nord dans l’hémisphère sud correspond à un plein sud chez nous !

D’un réparateur photo à l’autre, nous visitons la ville. Le Palacio Portales est le must see local. C’est un petit palais surprenant par son éclectisme architectural en plein cœur de la Bolivie. Son propriétaire était un riche commerçant comptant parmi les plus grosses fortunes des années 20. Il a fait venir d’Europe les matériaux et les pièces nécessaires à la création de son petit mixte perso… un peu du Vatican, de l’Alhambra et de Versailles…

Dans un style bien différent, nous visitons aussi le Couvent carmélite de Santa Teresa, fondé en 1760. Bien plus austère que celui d’Arequipa au Pérou, il nous rappelle que si les natifs ont des superstitions étranges, les aristocrates d’origine européenne n’étaient pas en reste. La tradition voulait que la fille aînée soit « offerte » à une vie de renoncement et de réclusion au profit d’un accès direct au paradis pour toute sa famille… Parmi les joies de l’ascèse forcée, les très jeunes filles devaient se raser la tête et parer les sculptures en bois représentant les Saints de l’Eglise de leurs cheveux ! L’égalité ne régnait pas dans le cloître pour autant… bien au contraire, une stricte hiérarchie différenciait les sœurs à « voiles noirs » des sœurs à « voiles blancs »… en fonction de leur degré de métissage et du montant de la dot dont avaient bien voulu s’alléger leurs parents au profit de l’Eglise.

Au musée d’histoire naturelle, nous retrouvons un peu de rationalisme. Leurs collections de fossiles sont superbes et il y a même une collection minéralogique ! Les oiseaux empaillés ne sont pas mal non plus mais on a plus de mal à s’enthousiasmer devant des animaux morts. On y voit notre premier condor… gigantesque.

La ville nous plait bien. En attendant les résultats des opérations à cœur ouvert de mon Canon G10, on fait des repérages pour son potentiel remplaçant, le Fujifilm X10. Une occasion de se rendre au marché de la ville, de loin l’un des plus grands du pays. C’est peine perdue, Fujifilm est introuvable en Bolivie et les gammes « compacts experts » quasiment absentes des rayonnages.

Après les quartiers popu du sud de la ville, nos balades nous mènent dans les quartiers chics au nord. Surprenant… on a plus du tout l’impression d’être en Bolivie, ça sent l’occident opulent.

Chaque jour, je regrette de ne pouvoir capturer des images. Je passe commande à Benjamin qui en général photographie peu en ville… les jolis camions recyclés, ça va, il veut bien ;-)

Au hasard de portes entre-ouvertes sur le hall d’un joli théâtre, nous prenons des places pour la représentation du soir, un spectacle de danses traditionnelles de Bolivie mais aussi du Pérou, du Chili et d’Argentine. C’est un peu amateur mais très touchant, surtout lorsque les cadets de la troupe, des petits bouts d’à peine 4 ans, scandent sur scène des pas maladroits sous les hourras des parents.

Peu avant de quitter Cochabamba, des slogans tagués sur les murs de la ville me rappellent ce film espagnol de la réalisatrice Icíar Bollaín qui m’avait pas mal marqué : Même la pluie. Le scénario était signé Paul Laverty, le scénariste de Ken Loach. Il mettait en abîme la résistance des Indiens au XVIe siècle et les luttes contemporaines d’une Amérique Latine soumise au diktat de la Banque Mondiale, en l’occurrence la privatisation de l’eau courante. J’avais le film en mémoire mais je ne savais plus où se passait exactement l’action. C’était à Cochabamba. En avril 2000, une « Guerre de l’eau » avait enflammée les rues de la ville. L’état d’urgence avait été déclaré mais au terme des protestations, le service d’eau de la ville était repassé dans le domaine public et l’augmentation de tarif annulée.

Esperons que ce soit de l’histoire ancienne maintenant. Evo Morales, le président du pays, est un socialiste d’origine indienne qui œuvre contre les privatisations. Fortement soutenu par les habitants de l’Altiplano, il est pourtant très contesté à l’est du pays, dans la région riche de Santa Cruz, notre prochaine destination.

Sources photos du Palacio Portales et du Couvent de Santa Teresa :
http://www.bolivia-online.net/en/cochabamba/

[itineraire_plot_stw zoom=6 center=Cochabamba]Cochabamba[/itineraire_plot_stw]

« »

Ecrire un message / commentaire