Fév 21

Des fous au pouvoir (notes de lecture)

par dans Cambodge

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La barbarie politique que l’histoire du Cambodge a connue est difficile à appréhender tant elle est fanatique…

… dans l’ouvrage de Pin Yathay, Tu vivras mon fils, l’auteur, un survivant du génocide, témoigne des atrocités infligées par les Khmers rouges au peuple cambodgien…

Lors de l’évacuation de Phnom Penh en 1975 :
«  L’un des soldats nous ordonna de descendre du véhicule.
_ Qu’avez-vous dans votre voiture, camarades ? Demanda-t-il. Possédez-vous des imprimés ?
_ De quel genre ?
_ N’importe. Videz la voiture de tout ce qui est imprimé, de tous les papiers !
J’avais peine à croire ses paroles.
_ Oui ! Allez, vos livres ! Tout ce qui est imprimé ! Insista-t-il.
Peut-être recherchait-il de la propagande contre-révolutionnaire. C’était compréhensible. Je lui montrai mon dictionnaire français-anglais et mes manuels techniques, lui expliquant combien ils seraient utiles pour la construction de barrages, digues, canaux et routes.
Mais il s’agissait d’un jeune paysan qui ne connaissait rien aux livres.
_ Ces objets contiennent de la pensée impérialistes ! Déclara-t-il. Déposez-les ici, par terre ! Vous avez encore d’autres papiers ?
Je lui tendis la carte grise de la Fiat, écrite en français.
_ Des documents impérialistes ! Jetez-les !
_ Alors, pouvons-nous garder ça ? M’enquis-je, alors que mes deux frères, instituteurs, et ma sœur, étudiante, déballant leurs ouvrages khmers, les montraient d’une main mal assurée.
_ Non, non, non ! Ce sont des objets impérialistes ! Des reliques d’une culture féodale !
Eberlués, nous sortîmes tous nos imprimés – cartes d’identité, permis de conduire, journaux, livres – pour les jeter en pile sur le talus. »

Quelques semaines plus tard, dans les camps de travaux forcés :
«  Dans une parabole khmère rouge entendue maintes fois, on comparait les gens à des bœufs :
_ voyez le bœuf, camarades. Admirez-le ! Il mange où on lui ordonne de manger. Si on le laisse paître dans un champ, il mange. Si on le conduit dans un autre champ qui ne contient pas assez d’herbe, il broute quand même. Il ne peut pas aller et venir, il est surveillé. Quand on lui demande de tirer sa charrue, il s’exécute. Il ne pense jamais à sa femme et à ses enfants.
Souvent, lors des réunions, les Khmers rouges parlaient du « camarade bœuf » comme du révolutionnaire idéal. Cette comparaison aurait pu nous faire rire si elle ne prêtaient pas à pleurer. Camarade bœuf ne refusait jamais de travailler. Camarade bœuf était obéissant. Camarade bœuf ne se plaignait pas. Camarade bœuf ne protestait pas quand sa famille se faisait tuer. »

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