A Lima, on s’était vraiment demandé si on allait voir cette merveille du monde moderne…
Alors que nous cherchions des infos en ligne sur la meilleure façon de nous rendre au Machu Picchu, nous étions tombé sur un post de tour-du-mondistes qui nous avait tellement fait rire que cela nous avait illico convaincu… nous ne pouvions manquer ça ! Prenez 5 mn pour le lire, c’est vraiment drôle : « N’allez pas au Machu Picchu ! »
Après tout, comme probablement 99% des touristes au Pérou, c’est surtout pour lui que nous sommes venus. En traversant la Vallée de l’Inca, nous avons réalisé que les sites archéo sont très nombreux dans la région mais le Machu Picchu, il est vrai, reste complètement unique.
Par son isolement d’abord. Aucune route ne mène à Aguas Calientes, la ville d’accès au site. Il faut soit prendre le train, soit faire 7 heures de bus avec changements puis marcher encore 3 heures le long des voies de chemin de fer, soit enfin faire sur plusieurs jours le fameux (et éprouvant) Inca Trail en réservant l’expédition plusieurs mois à l’avance. Et ce n’est que le début ! Une visite au Machu Pichu ne s’improvise pas !
L’accès au site est limité à 2 500 visiteurs par jour. C’est suffisant pour prendre son billet au dernier moment mais cela ne l’est pas pour le train. Les places « économiques » partent vite. Il faut pourtant compter 40 dollars l’aller simple d’à peine deux heures au départ d’Ollantaytambo. Depuis Cusco, c’est au minimum deux fois plus cher et ça peut grimper jusqu’à des tarifs astronomiques.
En plus, jusqu’à février 2012, si vous vouliez faire l’ascension du Huayna Picchu (un promontoire rocheux qui offre une vue plongeante sur le Machu Picchu), il fallait partir au plus tard à 4 heures du matin d’Aguas Calientes et grimper les 400 mètres de dénivelé qui mènent au site, pour avoir une chance de faire partie des 400 personnes autorisées par jour. Tous les témoignages s’accordaient à dire que c’était une course nocturne éprouvante qui vous coupait les jambes alors que le plus dur était à venir (la fameuse ascension du Huayna). Sans compter l’ambiance de compétition qui tournait parfois à la bagarre… vous pouviez arriver 401ème et avoir fait tous ses efforts… pour rien !
Une chance pour nous, depuis février, il est possible de réserver en ligne son accès au Huayna et, quand nous regardons, il n’y a qu’une semaine d’attente pour obtenir une place. C’est juste le temps dont nous avons besoin pour nous acclimater à l’altitude et visiter Cusco et la Vallée de l’Inca.
Notre graal électronique en poche (accès au Machu Picchu-Huayna Picchu & billets de train), nous nous réjouissons d’avoir choisi l’option « not fast, not furious ». Alors que certains font l’aller-retour depuis Cusco dans la journée, nous préférons passer deux nuits à Aguas Calientes. Les transports de nuit et le rush inutile, vous l’aurez compris, ce n’est pas pour nous. A quoi bon faire un tour du monde si ce n’est pour prendre le temps ?
Lorsqu’à Ollantaytambo nous montons dans le train, nous retrouvons tout le Pérou que nous n’aimons pas. Les touristes embarquent d’un côté, les locaux de l’autre. La ségrégation est totale. Pour eux, les wagons basiques, pour nous les wagons panoramiques et un service à bord qui n’oublie pas de vendre de la bière fraîche et une multitude de produits dérivés Pérou Rail ! Heureusement que les paysages sont très beaux car les deux heures de trajet ne sont pas très agréables. Le wagon est plein à craquer et les groupes sont très bruyants.
L’arrivée à Aguas Calientes est sans surprise. Des sources chaudes ont donné leur nom à la ville mais elle est surtout connue comme la Machu Picchu town, la ville-transit obligatoire pour accéder au site archéologique. C’est vilain, mais nous le savions. Un foisonnement de chantiers de constructions défigurent la bourgade. Des hostels poussent partout… peut-être en prévision d’une future levée des quotas d’accès au site ? Nichée à seulement 2000 mètres d’altitude, la ville est entourée d’une végétation dense qui annonce celle du bassin amazonien tout proche, de l’autre côté de la chaîne de montagnes. Elle est pourtant au fond d’une vallée si encaissée que le soleil n’y rentre que deux heures par jour. Un torrent bruyant traverse la ville tout comme la voie de chemin de fer et ses incessants arrivées et départs ponctués de sifflets stridents. Touristique à l’excès, il faut se frayer un chemin dans ses ruelles débordant de pizzerias pour arriver à l’unique quartier où subsistent encore quelques cantines populaires.
Après une bonne nuit de sommeil, nous montons en bus au petit matin au Machu Picchu. Le site Picchu a été (re)découvert par un historien américain en 1911 mais la route n’a été crée qu’en 1948. C’est en fait une piste-cul de sac qui serpente dans la montagne pendant 20 minutes. Nous y voici enfin ! Et c’est vraiment impressionnant !
Le site naturel est exceptionnel. On est vraiment tout en haut de la montagne et aussi loin que l’on regarde ce ne sont qu’autres massifs montagneux et pics enneigés ! En contrebas d’une falaise de 600 mètres, une rivière serpente autour du promontoire rocheux. C’est breathtaking, comme disent les anglo-saxons ! Même Benjamin, qui n’est pas aussi féru de veilles pierres que moi, en a le souffle coupé.
Il est encore tôt, les groupes ne sont pas encore arrivés. Nous sommes accueillis par des lézards se dorant au soleil et des hirondelles bleutées virevoltant au dessus nos têtes. Le site est si grand que même plus tard, avec l’afflux des groupes, on continuera de se perdre dans les recoins sans croiser personne. De tous les sites incas que nous avons visités, cette cité du XVe siècle est de loin la mieux préservée et restaurée. Il suffit de plisser légèrement les yeux pour imaginer les centaines d’habitants d’alors vaquer à leurs occupations entre cultures en terrasses, habitations, temples… Ici encore, on se demande bien par quelle astucieuse ingénierie ils hissaient au sommet des pierres provenant de carrières éloignées.
Avant la fameuse ascension du Huayna Picchu (maintenant que nous le voyons, nous comprenons pourquoi ce double pic, qui sert de toile de fonds à la photo carte postale du Machu Picchu, est si fameux… il paraît impossible à grimper !), nous marchons jusqu’au Pont Inca via l’un des sentiers qui menait à la cité. Encore une fois, nous ne croisons que peu de monde. Quand vient l’heure du Huayna Picchu, nous voyons le groupe des 200 happy few de 10 heures se presser au poste de contrôle (le premier groupe de 200 avait 7h-8h comme créneau). Toujours aussi peu fans des foules, nous les regardons s’élancer de loin vers le sommet. Nous avons jusqu’à 11 heures pour nous présenter puis tout le temps que nous voulons pour faire l’ascension des 360 mètres jusqu’au sommet qui culmine à 2 720 mètres. Il n’y a plus personne sur l’étroit sentier quand nous nous lançons. Les marches se succèdent, au début ça va mais vers la fin c’est vraiment très très raide. Nous nous arrêtons régulièrement en chemin pour reprendre notre souffle mais surtout pour observer la multitude d’espèces d’orchidées accrochées au flanc de la montagne que de petits colibris viennent butiner. Benjamin est aux anges !
Lorsque nous arrivons au sommet, les 198 autres touristes commencent leur descente. Nous nous posons avec nos sandwichs. Le spot pour la pause lunch est parfait. Nous savourons… contemplatifs…
De retour au Machu Picchu, nous prenons le temps de voir le soleil décliner. La plupart des visiteurs reprenant le train pour Cusco le jour même de leur visite, le site se vide assez tôt. Nous en profitons pour nous balader, encore et encore. A l’approche de quelques gros nuages, la lumière se fait dramatique. C’est très beau.
Difficile de quitter le site. On se pince, on en revient pas, une fois encore, d’avoir cette chance inouïe de voir une telle merveille. Nous passons encore quelques minutes à observer des lamas déambuler d’une terrasse à l’autre.
Puis, nous attaquons le retour vers Aguas Calientes. A pied cette fois. La descente est raide. Nous pensons à tous ceux qui, avant février 2012, grimpaient cette montagne de nuit, éclairés à la frontale, stressés à l’idée de ne pas arriver à temps, puis enchaînaient par le Huayna Picchu et rebroussaient chemin encore à pied pour économiser le prix (exorbitant) du bus-navette pour aller s’effondrer dans le train de retour à Cusco !
Dieu merci, nous n’aurons pas eu à faire tout ça. Le soir nous retrouvons notre chambre pour une nuit de sommeil bien méritée et c’est tranquillement que nous prenons le chemin du retour à Cusco le lendemain.
[itineraire_plot_stw zoom=12 center=Aguas]Aguas Calientes;Machu Picchu;Huayna Picchu[/itineraire_plot_stw]
De :
Vous vous êtes accoutumés à l’altitude ?
C’est impressionnant ces murs construits par les incas vers le 14 ou 15ème siècle tiennent encore parfaitement debout, les photos montre bien la préservation exceptionnelle de ses ruines ainsi que le cadre majestueux. Merci !
je suis admirative de votre performance ! Et comme vous avez été bien inspirés de dormir sur place.
Cécile super girly pour te rendre au Machu Picchu ! J’adore !
Bisous les amours !
De :
Nous revenons tout juste d’une rando à 5 300 mètres d’altitude sans aucun problème de mal des montagnes !!!
Besos
De :
Esteban, Zia, Tao les cités d’ooooooorrrrr !…
Je retrouve mes rêves de gosses en voyant votre Machu Picchu !
Bises
De :
Je ne savais pas que c’était un rêve de gosse pour toi le Machu Picchu, je te souhaite d’y aller alors !
Gros bisous