Nous quittons Pokhara au petit matin dans un bus pour touristes tel que nous n’en n’avons pas vu depuis… depuis que nous sommes partis en tour du monde !
Après les taxis brousse malgaches, les bus indiens et népalais où l’on part à 50 et on arrive à 200 (j’exagère à peine), nous avons décidé de nous offrir le luxe d’un bus où, sur chaque siège, n’est assise qu’une seule personne !
Pour vous dire à quel point le bus est standing, la pause lunch a lieu dans un resort en bord de rivière et le repas est compris dans le prix du billet ! Le trajet de 200 km dure 7 heures. Le bus grimpe des montagnes, traverse des vallées, des villes, des villages, des campagnes remplies de meules de foin coniques, comme celles des peintures médiévales flamandes (vous voyez, non ?).
Nous arrivons à Katmandou avec la pluie, à quelques minutes de la tombée de la nuit. Sans repère, on se perd complétement tandis que mon K-way pas étanche prend l’eau. Heureusement, on se retrouve par hasard face à un bel hôtel qui s’avère être le pick du Lonely. Il est hors budget pour nous mais je négocie férocement et on décide de s’y réfugier pour se protéger de l’averse. Dans la nuit, je rechute aussi sec, alors que j’étais presque guérie de mon gros rhume, et Benjamin tombe malade à son tour… pas glop. Au réveil, pour nous requinquer, nous avons droit à un petit déjeuner pantagruélique avec viennoiseries et jus de fruits en plus des oeufs-toasts-porridge traditionnels… la totale quoi ! On part le ventre plein en direction du quartier qu’on a loupé de peu la vieille (car, bien sûr, nous étions tout proches).
Nous faisons le tour des guesthouses en quête d’une chambre ensoleillée et chaude pour nous soigner… pas facile au Népal où les maisons, malgré le froid, ne sont pas chauffées. Les nuits sont à -1°C tout de même en ce moment ! Le matin quand on se parle, de la vapeur d’eau sort de nos bouches… difficile de quitter le lit… d’autant plus que l’option « se précipiter sous la douche chaude » est rarement disponible. Bref, nous trouvons assez vite une chambre parfaite, tout en fenêtres exposées au soleil du matin au soir et… cerise sur le gâteau… avec une vue sur les montagnes environnantes ! Le quartier est hyper calme (un sacré luxe pour Katmandou), le staff est adorable, le restau fait room service et il y a une terrasse d’où l’on voit carrément l’Himalaya ! Tip-top pour les 6 prochaines nuits.
Dans la journée, la température oscille entre 15 et 18° C pour une altitude de 1 350 mètres. Dès que l’on sort de notre petit cocon, on retrouve la pollution sonore et les ruelles étroites où il faut faire attention aux motos. C’est beaucoup plus supportable ici qu’en Inde mais ce n’est tout de même pas très agréable. Thamel, LE quartier touristique, ne nous fait pas très bonne impression. Autant à Pokhara, il y avait un bon équilibre entre les boutiques, les restos et surtout le lac omniprésent, autant là, c’est une overdose de commerces tassés les uns contre les autres. On voit à peine le ciel, toutes les rues se ressemblent… pas super… Par contre, c’est sûr, pour s’équiper en matos de trekking ou acheter des étoles en cachemire et des nippes hippies, c’est parfait. C’est exactement ce que l’on fait la première journée : du shopping… enfin, surtout moi ;-) Je m’équipe d’une super parka anti-pluie jaune poussin, d’une polaire, d’un caleçon long en molleton et d’une étole en cachemire !
La veille ville est truffée de temples bouddhistes et hindous. Il y en a littéralement plein les ruelles. A chaque pas, son autel ou sa stupa autour desquels des marchands de légumes ou d’étoffes s’installent pour la journée.
Alexandra David-Néel, dans Au coeur des Himalayas – Le Népal, ma lecture du moment, écrit en 1912 (alors qu’elle voyage dans un Népal complétement interdit aux étrangers et qui le restera jusqu’en 1949) : « La ville ancienne est dite avoir été fondée en 723 (…). Elle est formée par de nombreuses rues étroites, coupées par des places. Les maisons y ont deux, ou même, quatre étages, elles sont bâties en briques et couvertes en tuiles. Ce qui constitue leur particularité est la décoration compliquée de leur façade avec des ornements en bois sculpté, en plâtre ouvré et des peintures de couleurs vives. Les étages comprennent des fenêtres du genre de nos « bow-windows » et des balcons surplombant fortement le rez-de-chaussée. »
En fait, les fenêtres des maisons sont minuscules. On se demande comment ces foyers peuvent être habités tant ils sont sombres et humides. Les bâtisses de bois, dont la plupart remontent au XVIIe siècle, ont certes le charme absolu du temps figé mais sans électricité, sans eau courante et traversées du froid glacial venant des montagnes, on imagine aisément comment la vie y est difficile.
Des choses que l’on apprend pêle-mêle du Népal, on découvre qu’une guerre civile, entre pouvoir monarchique et maoïstes, a sévi durant 10 ans, de 1996 à 2006, et que maintenant c’est un gouvernement communiste qui est au pouvoir. On apprend aussi qu’il y a des grèves générales fréquentes avec barrages routiers et, d’après ce que l’on a compris, « taxation révolutionnaire » pour ceux qui décident de prendre la route malgré tout. Pendant que nous étions à Pokhara, nous avons un jour eu la surprise de trouver la ville complètement paralysée, toutes boutiques fermées, sans aucune circulation et remplie de militaires équipés de boucliers anti-émeutes. On s’est demandé si c’était un jour férié et c’est comme ça que l’on a appris que c’était la grève.
Un jour de grand beau temps, on décide de partir en excursion à Bhaktapur (Bhadgaon de son ancien nom). C’est une cité médiévale du 12ème siècle de la vallée de Katmandou, non loin de la capitale. Ses édifices du 14ème au 16ème siècle sont particulièrement bien conservés malgré le grand tremblement de terre de 1934. Mais ce qui est vraiment surprenant, c’est l’étendue de la vielle ville et son aspect comme suspendu hors du temps. Alexandra David-Néel écrit à propos du Durban Square de Bhadgaon (les palais royaux des anciennes capitales monarchiques se trouvaient toujours sur des places centrale appelées Durban Square) : « Il y a quelque chose d’irréel dans les édifices parmi lesquels on se trouve. On a l’impression de se trouver sur la scène d’un théâtre au milieu de décors. On s’attend à entendre un coup se sifflet et à voir surgir des machinistes qui, soudainement, enlèveront ces palais et ces temples fantastiques. » Bien sûr, il y a les étals à touristes sur les places principales mais les ruelles sans voiture sont aussi remplies de vie, d’échoppes d’artisans, de marchés…
Quelques soirées sous la couette plus tard à avaler les épisodes de la saison 4 de Breaking bad, une autre petite excursion nous mène à la pagode de Swayambhunath, un temple Bouddhiste constitué d’une grande stûpa sur une colline surplombant Katmandou. Au sommet du dôme est posé un carré doré et, sur chacun de ses quatre côtés, deux yeux sont peints. Ce sont des yeux qui perçoivent des réalités qui échappent à notre vision habituelle… Nous, pauvres mortels, nous contemplons en contrebas la ville que nous quittons le lendemain pour Hong Kong et au loin, toujours… ces montagnes blanches majestueuses…
[itineraire_plot_stw zoom=11 center=Kathmandu]Kathmandu;Bhaktapur;Swayambunath[/itineraire_plot_stw]
De :
Vous allez mieux les loulous ?
Cela va vous changer Hong Kong !
j’ai souris tout à l’heure, en effet, je regarde vos photos en plein écran, ce qui ne m’empêche pas d’être à 30, 35 cm de l’écran, et au moment où il y a une série sur les détails des sculptures… j’ai effectué un recul spontané, ayant peur de me retrouver le visage très, très proches de certains détails… ;-)))
Bisous bonne route ! A très vite pour la suite ! love
De :
Ils sont cochons ces bouddhistes, hein ;-)
Nous allons beaucoup mieux, on tousse encore un peu mais comme on vient d’arriver à Hong-Kong, où la nuit il ne fait pas froid, on devrait guérir vite et puis, dans 5 jours, on retrouve les plus 30°C !