Je ne suis pas un grand amateur des trajets en voiture. En France, après deux heures de conduite, je suis grognon et fatigué… là, nous avons prévu de faire plus de 4500 kilomètres en deux semaines…
Lors de nos préparatifs australiens, nous avons décidé de faire une bonne partie du trajet en voiture. La grande majorité se fera dans l’outback puisque nous partons d’Alice Springs pour rejoindre Melbourne. Il y avait toujours la possibilité de prendre des tours, très prisés en Australie, mais nous avons appris à Madagascar que nous ne sommes pas fait pour ça.
Heureusement pour nous, l’expérience routière en Australie est bien différente de celle en France. Tout d’abord, les distances sont souvent énormes. Pour rappel, il faut 5 heures d’avion pour traverser le pays d’ouest en est et 3 heures du nord au sud. Les étapes de 800 km ne sont pas rares et Peter, l’australien connu à Darwin, a déjà fait 1 200 km sans station essence sur une piste non goudronnée… Dans ce cas, il faut un 4×4 avec deux réservoirs ! Nous, nous allons nous limiter à des étapes plus raisonnables, enfin 800 km tout de même, sur des routes goudronnées de jour. Il est pratiquement impossible de rouler à la tombée de la nuit ou de nuit. Les routes deviennent un repère à kangourous. C’est formidable pour les voir mais ça oblige à rouler au pas.
Les énormes distances peuvent devenir problématiques lorsque une petite fatigue se fait sentir. Il m’est parfois arrivé de vouloir m’arrêter pour me reposer mais l’aire de repos la plus proche était à… 150 km. Les derniers kilomètres sont alors un peu difficiles !
Enfin, tout n’est pas que problème lorsque nous roulons dans la campagne australienne.
Déjà, c’est souvent tout droit ! Les ingénieurs ne se sont pas trop cassés la tête. Ils sont allés droit devant eux. Les virages sont extrêmement rares et sont souvent bien accueillis. En effet, après une ligne droite de 50 kilomètres, je suis content de tourner le volant, voire de rétrograder. L’événement de l’heure en somme ! ;-)
La fréquentation des routes est assez faible. Croiser une voiture, c’est un peu comme tourner le volant, c’est peu fréquent (une voiture par heure sur les plus calmes) et donc c’est la fête. Dans l’outback, lorsque l’on se croise, on se fait un signe de la main. A la fin, c’est presque devenu un jeu, je variais les signes, avec une ou deux mains, exubérant ou alors genre discret-vieux routier. J’ai essayé de lancer la mode en ville mais sans succès.
Les villes-étapes sont souvent minimales. Parfois il s’agit simplement d’une station essence au milieu de nul part. Quand c’est une grosse étape, c’est une station essence avec un restaurant, un hôtel et parfois même une banque. A l’entrée de chaque ville-étape, nous découvrons, avec amusement, le nombre d’âmes en peine qui peuplent l’étape. Au fin fond de la campagne, 350 personnes font office de mégalopole !
Parfois, nous croisons des vrais monstres sur roues, les plus communs sont les fameux road trains, un camion avec deux, trois, quatre remorques. Ils sont souvent assez beaux mais à doubler, c’est un peu l’expédition. Il faut presque 1 km de ligne droite pour les plus longs et ils brassent beaucoup d’air, donc ça secoue.
Nous avons aussi croisé une maison sur roue. Les cabines où nous avons dormi sont amenées telles quel sur place. Il y a donc parfois des convois « extra large » qui se baladent. En gros, ils prennent toute la largeur de la route, il faut se ranger sur le bas coté sinon tu as droit à une maison dans ton pare-brise.
En guise de cerise sur le gâteau, les routes peuvent aussi servir de piste d’atterrissage. Hey oui comme dans les films catastrophes où les gros porteurs atterrissent sur la route en urgence, même si, ici, l’avion doit être plus petit. Enfin un panneau nous indique qu’il faut céder le passage… à l’avion !
Le plus marquant parmi les milliers de kilomètres que nous avons fait, c’est tout simplement la beauté des paysages et la faune que nous avons croisée. Avant de commencer à rouler, j’avais vraiment peur de m’ennuyer sévère et de devoir « manger du kilomètre ». Mais en fait, il en n’est rien.
Lorsque nous découvrons l’étendue qui nous entoure, où il est impossible de distinguer une once de civilisation au alentour, une certaine ivresse nous envahie. C’est grand, beau, majestueux et pendant quelques minutes c’est que pour nous, et rien que pour nous. Ca prend aux tripes ! Seuls les animaux nous accompagnent pendant ces moments. Les kangourous (vivants) sont rares en journée mais nous voyons souvent des rapaces, des autruches, des chevaux sauvages, des renards.
Cette quiétude nous a séduit, nous les parisiens ! Un voyage en Australie sans avoir roulé dans l’outback, c’est un peu comme du fromage sans vin rouge, c’est moins bien !