Toujours dans l’Utah, nous continuons notre exploration des roches rougeâtres du plateau du Colorado et enchaînons les coups de cœur !
L’arrivée sur le Parc national de Capitol Reef est très surprenante. Après des heures de route dans le désert, nous découvrons une petite vallée verdoyante, la Fremont Valley River.
Les falaises tombent à pic dans une rivière en contre-bas qui peut devenir dévastatrice en cas de flashflood, ces inondations éclairs transforment alors la rivière en torrent destructeur lors de gros orages. Nous ne le savions pas du tout mais, au mois d’août, la mousson nord-américaine est fréquente dans les régions désertiques. D’ailleurs, la veille, il a plu au Parc et la route que nous avons empruntée pour venir était inondée !
La présence de nombreux pétroglyphes sur les parois rocheuses témoigne de la présence indienne dans la région il y a 1 000 ans. Bien plus tard, dans les années 1870, les systèmes d’irrigation indiens furent réutilisés par une dizaine de familles mormons, des pionniers qui profitèrent du climat favorable pour planter des pommes, des pêches et des poires. Le Parc national continue d’entretenir ces vergers où la cueillette est ouverte aux visiteurs ! Nous allons donc faire notre marché primeur à la source et repartons avec quelques fruits gorgés de soleil.
Nous ne sommes pas très loin de Salt Lake City où l’«Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours» (sic !) est très présente. Dans les motels, on commence à trouver le «Book of the Mormons», leur bible. La petite communauté de Fruta a disparu depuis les années 40 mais quelques maisons et granges témoignent encore de son passé.
La région est très peu peuplée, le Parc peu fréquenté, on adore ! On ne se lasse pas d’admirer les roches créées par… un ancien récif corallien ! Attention, minute « Cécile – maîtresse d’école » : pour ceux que cela intéresse, je déporte en bas de page, une note sur la formation géologique de Capitol Reef ; moi, je trouve ça passionnant !
Le soir venu, nous dégotons un petit restaurant familial succulent. On se régale de ribs (travers de porc) accompagnés d’une sauce au miel délicieuse. S’il est vrai qu’il y a beaucoup de junk food aux USA, on trouve tout de même souvent des endroits où l’on mange de bons petits plats home made, frais, sains, créatifs, et dans des proportions pas si gargantuesques que ça. Il semble que le gros problème ici ce soit surtout les boissons sucrées, souvent servies à volonté.
Après Capitol Reef, nous prenons la scenic road 12 pour rejoindre le Bryce Canyon NP. Cette route est incroyablement variée. Nous traversons des forêts de pins, des montagnes, des déserts, des canyons… En chemin, nous apprenons qu’il s’agit de la dernière région des USA à avoir été explorée et cartographiée vers 1870.
Après un nouveau très bon déjeuner en terrasse, la route prend une tournure inattendue lorsqu’elle traverse l’Escalante State Park. Nous nous retrouvons sur une crête très escarpée à peine assez large pour deux voitures. La vue à 360° est toute aussi spectaculaire que les précipices et les canyons en contrebas. Un peu loin, nous faisons une halte dans un improbable café au milieu de nul part. La bâtisse en demi-cercle, construite avec des matériaux naturels par un doux rêveur de 90 ans, bénéfice d’une vue magique sur le paysage.
A l’approche de Tropic, notre micro-village étape pour les trois prochaines nuits, nous voyons de plus en plus de chevaux et de cow boys. Nous apprenons que ces étalons magnifiques sont des mustangs, une race introduite aux amériques par les colons espagnols mais disparue de nos jours en Europe.
Le lendemain, nous découvrons Bryce Canyon NP sous un soleil radieux et un très bref passage pluvieux et grêleux ! Nous avons déjà vu beaucoup de merveilles mais pourtant Bryce, notre toute dernière étape avant Vegas, nous fait l’effet d’une claque. Un immense coup de cœur, aussi fort qu’aux Flinders Ranges, en Australie. La succession d’immenses amphithéâtres naturels parsemés de hoodoo (des colonnes naturelles faites de roches friables) est grandiose !
Le site est d’autant plus magique que l’on peut randonner entre les formations rocheuses.
On croise des biches, des daims, des cerfs, des chiens de prairie et même un serpent mais malheureusement ni ours ni puma. En partant, nous faisons un arrêt dans un Rock Shop hallucinant. Leur stock est inimaginable pour moi qui raffole des cailloux ! Ils ont des tonnes d’arbres pétrifiés (il y en a tant dans l’Utah que les propriétaires de terrains privés sont autorisés à les vendre) et même un fossile de dinosaure !
L’aventure de la découverte de l’Ouest américain et du road trip se termine. Nous aurions bien poursuivi notre route au nord vers Yellowstone et le Montana… une autre fois, c’est sûr !
Merci Benjamin pour cet itinéraire de chef, concocté au Brésil alors que les premières recherches d’hébergement étaient très décourageantes. Merci d’avoir pris en charge 100% de l’organisation US alors que j’entrais en phase « préparation-de-notre-retour » via la création de ma page Pinterest.
Note pour les férus de géologie :
« L’histoire géologique de Capitol Reef se caractérise par de nombreux dépôts sédimentaires qui datent du Permien (270 millions d’années) jusqu’au Crétacé (80 millions d’années). L’étude des roches indique que la région est alors successivement recouverte par des mers, des marais ou des déserts.
Durant le Permien, l’Utah se situe au fond d’une mer chaude localisée près de l’équateur. Par la suite, en raison de la dérive de la plaque tectonique nord-américaine, la région se dirige vers le nord et son climat devient tropical. La région est à ce moment recouverte par des marais où poussent des arbres sous un climat chaud et humide. La plaque nord-américaine continue sa course vers le nord et le milieu devient de plus en plus aride. La région est alors recouverte par d’importants déserts. Ce sont les dépôts de sables de cette période qui sont par exemple à l’origine du grès de Navajo dont la couleur rougeâtre symbolise les paysages géologiques de la région. C’est entre autres dans ces roches que se sont formées des arches naturelles visibles dans tout l’Utah. Par la suite, la région s’enfonce et est recouverte par un immense chenal surnommé « Voie maritime intérieure de l’Ouest » où de nouveaux dépôts sédimentaires s’accumulent.
La géologie de la région se caractérise finalement par la formation d’un plissement de la croûte terrestre sur près de 160 km que l’on dénomme Waterpocket Fold. Ce plissement apparaît il y a entre 70 à 50 millions d’année lors du soulèvement de toute la région durant l’orogenèse laramienne. Les roches issues des sédiments précédemment déposés sont mises à nu, déformées et en partie érodées au fil du temps. »
(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitol_Reef)