Nous voici sur la route depuis sept mois maintenant et, force est de constater que notre regard sur le voyage a un peu changé…
Cela nous a pris par surprise à Sihanoukville (nous en avons parlé ici) mais à Phi Phi, ça nous a vraiment pris à la gorge. C’est à se demander si, en Thaïlande, les plages belles, simples et tranquilles existent encore…
La Thaïlande était la seule destination du tour du monde que nous connaissions déjà tout les deux. Nous y allions donc confiants. Nos souvenirs, bien qu’un peu anciens, étaient idylliques : jolies plages, eaux cristallines et petits poissons colorés à foison, villages de pêcheurs, forêts touffues, bungalow basiques les pieds dans l’eau pas cher du tout, cuisine exquise et grillades de poissons, ambiance tranquille loin des plages des full moon party…
Benjamin connaissait l’île de Phi Phi pour y être allé deux fois et plus spécifiquement la petite baie tranquille, bordée d’une barrière de corail, qu’il avait choisie pour nos 10 jours de farniente balnéaire… Le prix d’un bungalow tout simple était démesurément exorbitant mais, à ce prix là nous pensions, naïvement, avoir des services à la hauteur… C’était notre petite folie du tour du monde… sauf qu’en fait, il n’y avait absolument aucun service justifiant un tel prix, pas même l’électricité en journée ou le nettoyage du bungalow !
Dès l’embarcadère de Krabi nous avons compris que nous allions retrouver un cauchemar à la Sihanoukville. Le bateau était plein à craquer. Nous savions que c’était la haute saison mais nous n’imaginions pas ces flots de touristes indécents, vulgaires, alcoolisés, irrespectueux… ni les nombreuses pratiques locales de racket. Il y a trop de monde, partout… Plein de nouveaux touristes que l’on ne voyaient pas sur la route avant : des très jeunes limite encore ados, des russes et des chinois ghettoïsés dans les resorts de luxe…
On réalise à quel point le monde a changé et vite. C’est troublant d’avoir connu « avant », c’est une preuve tangible du temps qui passe. Lors de mes précédents voyages, je pensais souvent à ces voyageurs qui, à la fin des années soixante, avaient eu la chance de découvrir des paradis encore vierges de tourisme de masse. Maintenant, d’une certaine façon, je réalise que moi aussi j’ai eu la chance de voyager avant que tout soit saccagé par une demande en pleine explosion.
A Phi Phi, cette demande sans cesse croissante est exploitée par les autorités politiques qui, petit à petit, lèvent les interdictions de construire ou expulsent carrément les pécheurs des franges côtières. Les professionnels du tourisme ne sont pas en reste et, pour engranger toujours plus de profits, traitent leurs clients comme du bétail, souvent au mépris des mesures de sécurité élémentaires. Ce que la mono de plongée de Benjamin, présente sur l’île depuis 17 ans, raconte de l’évolution des pratiques des clubs de plongée est effarant.
A force de tous chercher la même chose au même endroit au même moment, nous avons une responsabilité écrasante sur ce que nous condamnons pourtant. Nous aussi, forcément, nous participons à ce trop plein de tourisme qui saccage l’équilibre écologique des îles, qui créé une distance toujours plus grande avec la population locale, qui trimbale les codes détestables de la société de sur-consommation… nous y participons… malgré nous…
Alors nous avons décidé de rectifier le tir pour le reste du voyage… les quêtes de plages de rêve du bout du monde, nous allons y renoncer. Nous sommes heureux de voyager ensemble, c’est ce voyage là qui est le plus important pour nous. Nous savons bien que nous ne ferons pas l’impasse sur certains hauts lieux touristiques, comme le Machu Picchu par exemple, parce que ce sont d’immenses claques culturelles et parce, du moins nous l’espérons, ce sont des lieux classés donc préservés, parfois même soumis à des quotas d’accès. Mais pour les plages, c’est décidé, nous nous ne courrons plus dans la même direction que tout le monde. Si plage il y aura, ce sera par hasard ou à l’occasion de rencontres. La plage, la plongée et le snork ne seront plus des fins en soi, en tout cas pas au prix d’un impact écologique aussi destructeur.
Epilogue : malgré ce tableau assez peu flatteur de Phi Phi, nous y avons passé des jours reposants et tranquilles sur une petite plage, pas parfaite mais loin de l’agitation festive et alcoolisée du port. J’ai pu snorkeller tous les jours avec les petits poissons et Benjamin plonger avec les tortues et les requins par dizaine !
[itineraire_plot_stw zoom=9 center=PhiPhi]Koh Phi Phi[/itineraire_plot_stw]
De :
Effectivement, nos chemins sont balisés quoi qu’on veuille, tout est devenu touristique ; c’est assez « drôle » de discuter avec des gens qui reviennent de voyage et qui disent « on est allés là où il n’y a pas de touristes » : beau leurre, on va malgré nous là où tout le monde va ou presque, finies les contrées vierges ! et comme tu dis Cécile, on participe à la dégradation des milieux.
La démocratisation du voyage passe aussi par là…
En Amérique latine, faites des ascensions de volcans, partez une semaine en sac à dos dans la Cordilière (on avait fait la Blanca) et là vous ne rencontrerez -presque- personne ;-))
Je vous embrasse bien fort
De :
Et oui… la démocratisation du tourisme a une face cachée que nous sous-estimons complètement : notre impact écologique…
Malgré tout, nous essayons d’avoir une attitude de voyageur, aussi respectueuse que possible.
Et comme tu dis, nos rêves d’exploration de contrées vierges sont souvent des chimères… au final, on reste toujours sur des autoroutes touristiques… la seule marge qui nous reste c’est de toujours visiter les pays en basse saison ou de tenter des aventures un peu extrêmes…
Gros bisous
De :
Les Maldives seraient encore préservés par les effets du tourisme sur le fragile écosystème des îles et des atolls. Ils utilisent les énergies renouvelables, recyclent l’eau et les déchets. Les constructions construites en matériaux naturels, dont la pierre et le bois, se fondent dans une végétation luxuriante qui privilégie les espèces tropicales. Alors pour des vacances responsables au cœur d’un environnement préservé…
Bisous les amours !
De :
Je ne suis pas sûre pour les Maldives… j’ai entendu dire qu’il y avait une île poubelle là-bas ;-(
Par contre je sais pour y être allée (en 2000 je crois) que le Costa Rica a très tôt fait le choix d’un tourisme éco-responsable….